"STOPOVER" : L'ESCALE ENTRE DEUX VOLS, NOUVELLE ARME DE SéDUCTION MASSIVE

Visiter une ville avant de rejoindre sa destination finale : les programmes "stopover", mis en place par les compagnies aériennes, réinventent la correspondance.

Il y a vingt ans, dans Le Terminal, Tom Hanks campait le personnage de Viktor Navorski, bloqué dans l’aéroport JFK pendant des années. Le film avait été inspiré à Spielberg par l’histoire vraie du réfugié iranien Mehran Karimi Nasseri, qui resta coincé dans les couloirs d’un terminal de Roissy-Charles-de-Gaulle de 1988 à 2006. De quoi faire relativiser la longueur des correspondances entre deux vols, souvent jugée pénible par les voyageurs.

Les compagnies aériennes prévoyaient de transporter 4,7 milliards de passagers en 2024, rapportait Le Point en décembre 2023. S’il n’existe pas de données officielles sur le nombre d’escales recensées, on sait que celles-ci, lorsqu’elles durent plus d’une heure, engendrent invariablement de longues errances dans les terminaux, souvent rythmées par des activités à l’intérêt discutable (achat de barre chocolatée XL au Duty Free, déjeuner onéreux dans un food-court bruyant…)

Mais les temps changent : hier indésirable, la correspondance entre deux vols se réinvente, au point même d’attirer de nouveaux voyageurs.

Une étape entre deux aéroports

Certains petits malins, d’une part, utilisent depuis quelques années la technique du skiplagging, qui consiste, après avoir effectué un comparatif des tarifs, à chercher à rallier leur destination en réservant un vol vers une autre ville qui y effectue d’abord une escale. Puis à ne pas monter à bord du second avion…

Si la méthode engendre parfois quelques économies, elle est très critiquée par les compagnies aériennes, à qui elle fait perdre de l’argent (vols moins chers réservés, sièges inoccupés…). Et qui menacent donc d’appliquer des sanctions à ses utilisateurs.

La multiplication des vols avec correspondances engendre en revanche un dispositif qui réconcilie les passagers et les compagnies : le programme "stopover" (officiellement intitulé STPC – Stopover Paid by Carrier). Le principe est simple : plutôt que d’imposer une pause de cinq heures à l’aéroport entre deux vols, les compagnies allongent la durée de la correspondance et proposent des formules qui permettent aux voyageurs en transit de visiter la ville d’escale.

Les offres diffèrent selon la compagnie, à la fois sur la durée du séjour possible (d’une nuit à plusieurs semaines voire plusieurs mois), la clientèle visée (le programme peut être mis à disposition de tous les voyageurs ou au contraire réservé aux classes affaires et première classe), les options proposées (nuit à l’hôtel gratuite, offre de taxi, bon pour restauration).

Air Canada, Ethiopian Airlines, Emirates, Air France, Finnair, Icelandair, Japan Airlines, Play Airlines, Oman Air, Iberia ont toutes développé un programme en ce sens.

Une destination supplémentaire

Les bénéfices du dispositif semblent nombreux. Pour les voyageurs, ces programmes permettent d’ajouter une destination à leur voyage initial. Reste qu’il leur faut du temps, ainsi qu’une certaine organisation puisque le séjour dans la ville de correspondance devra s’effectuer sans les bagages enregistrés en soute – qui seront récupérés à l’aéroport de la destination finale.

Les compagnies aériennes quant à elles se réjouissent d’attirer de nouveaux passagers et de booster le tourisme de leur pays d’origine – le programme stopover est proposé dans leur pays, voire souvent dans la ville où se situe leur hub.

De quoi se réjouir et encenser un programme qui bénéficierait à tout le monde ? C’est compter sans le nombre de vols supplémentaires qu’engendre un dispositif qui repose sur le principe des correspondances. Le bilan carbone reste le grand perdant de l’histoire.

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